samedi 29 février 2020

Orgueil et préjugés et zombies, Jane Austen, Seth Grahame-Smith,

Pour la famille Bennet, qui compte cinq filles à marier, l'arrivée de deux jeunes et riches célibataires dans le voisinage est une aubaine : enfin des coeurs à prendre, et des bras supplémentaires pour repousser les zombies qui prolifèrent dans la région ! Mais le sombre Mr Darcy saura-t-il vaincre le mépris d'Elizabeth, et son ardeur au combat ? Les innommables auront-ils raison de l'entraînement des demoiselles Bennet ? Les soeurs de Mr Bingley parviendront-elles à le dissuader de déclarer ses sentiments à Jane ? Surtout, le chef-d'oeuvre de Jane Austen peut-il survivre à une attaque de morts-vivants ?

  Soucieuse de terminer le Challenge Jane Austen, j'ai ajouté à ma découverte Austenienne cette "adaptation" pour le moins mordante ! Orgueil et préjugés et zombie entre, si je ne m'abuse dans la catégorie des Austenneries, soit des romans issus de l'oeuvre de Jane Austen. Celle-ci reprend fidèlement la trâme de départ, en y ajoutant des revenants d'outre-tombe, des bals interrompus par des combats rapprochés, et autres joyeusetés. C'est un roman drôle (impossible de ne pas pouffer toutes les deux pages) et bien écrit, puisque la plume de Jane Austen est très présente.

 Il fallait oser, et pourtant c'est une réussite ! Certes les passages écrits par Seth Grahame-Smith sont assez gauchement insérés, mais je suis passée outre et j'ai apprécié cette idée originale. Certes ce n'est pas exactement du Jane Austen, mais je pense qu'il faut le prendre pour ce que c'est, c'est-à-dire un dérivé. J'ai aimé la liberté prise sur le personnage de Charlotte, j'ai aimé le sort donné à Mr Colins, j'ai aussi aimé le combat qui rapprochera Lizzy et Darcy et j'ai aimé retrouver Orgueil et préjugés, bref j'ai aimé beaucoup de choses dans ce roman, sans oublier Wickham, qui a sans nul doute été le plus malchanceux ! 

J'ai passé un bon moment et je ne me suis pas sentie choquée outre mesure !

vendredi 17 janvier 2020

La maison, lieu de sociabilité, dans des communautés urbaines européennes de l’Antiquité à nos jours, Florence Gherchanoc (.dir)

Cet ouvrage réunit les actes d’un colloque sur la maison, lieu de sociabilité, de l'histoire Antique à nos jours en Europe (exception faite d’un article ayant trait au monde créole réunionnais). 

Les contributions, fondées pour les unes sur l’étude de la culture matérielle et pour les autres sur celle des discours, explorent les mécanismes par lesquels se crée et se fortifie le lien social dans des villes européennes. La maison est replacée dans un environnement urbain caractérisé par une relative densité de constructions et d’habitants et par une variété de relations sociales. 

Sous l’angle des fêtes, moments privilégiés de rassemblement d’un groupe social dans l’espace dit domestique, familial et « privé », les contributeurs ont rendu compte de formes de sociabilité particulières – la famille étant généralement exclue du champ d’appréhension de la sociabilité –, ont mesuré la capacité d’ouverture de la maison et réfléchi à la façon dont celle-ci opère comme un espace qui lie la famille à une société urbaine plus large. Autrement dit, était en question le rôle de la sociabilité familiale dans la constitution des réseaux urbains. 

Tout d’abord, les articles éclairent sur des stratégies d’occupation et de réception dans les maisons ; ils posent la question cruciale des seuils, notamment entre le « privé » et le « public » dans des espaces indifférenciés ou bien spécifiques, préalablement déterminés ou non. 

Dans un second temps, les communications rassemblées analysent des comportements


dimanche 22 décembre 2019

Fin de la chronique du roman de de J. Courtney Sullivan : Maine

Il y a d’abord Kathleen, très attachée à son défunt père et en rupture totale avec sa mère. Sa vie de patachon est un sujet continuel de discorde avec Alice alimenté en sous-main par le manque d’amour maternel dont a souffert l’aînée de la fratrie. Le seul point commun entre les deux femmes est leur addiction à l’alcool. La fille de Kathleen, Maggie, pâtit auprès de sa grand-mère de la mauvaise image de sa mère. Pourtant, Maggie est d’une bien autre trempe et son apparente fragilité cache un courage et une détermination qui ont manqué à sa mère et à sa grand-mère.

Il y a ensuite Pat, le trop sage et raisonnable « fils à maman », dont le dévouement n’est pas si désintéressé qu’il semble l’être. Sa femme Ann Marie, femme et mère parfaite aux yeux de tous, révèle quant à elle ses failles au bout de trente ans de bons et loyaux services.

Cette année sera certainement la dernière année pour Alice dans le Maine. Elle a décidé, sans rien dire à personne, de faire don de sa propriété à l’Eglise, espérant une indulgence par ce biais pour ses péchés. Elle espère ainsi obtenir le pardon, pas tant aux yeux de Dieu qu’aux siens propres, et compte bien retrouver la paix intérieure pour les derniers temps qu’il lui reste à vivre. Mais c’est sans compter sur l’arrivée au cottage de Maggie, Ann Marie et Kathleen…

On retrouve ici le style tellement apprécié des Débutantes, cette façon de scruter à la loupe des générations de femmes avec leurs aspirations, leurs contraintes, la façon dont elles se plient ou non au déterminisme de leur genre, la façon parfois cruelle dont elles se protègent, la façon dont elles arrivent à assumer leurs choix ou au contraire la façon dont elles se fissurent après de vaines et persévérantes tentatives de se conformer à ce que l’on attend d’elles. 

Courtney Sullivan brosse un tableau de famille grinçant et de très beaux portraits de femmes tout en leur portant un regard bienveillant, loin de tout jugement moralisateur ou réprobateur.

samedi 16 novembre 2019

Chronique du roman : Un automne à River Falls, Alexis Aubenque


Nous voici au cœur des Rocheuses, dans une atmosphère tellement "US" que l’on se croirait dans un récit écrit par un auteur américain.  J’ai beaucoup apprécié le fait que l’on est d’emblée plongé dans l’histoire qui démarre sur les chapeaux de roues et une fois que le ton est donné, on se retrouve emporté aux côtés du shérif Mike Logan, un homme au caractère entier qui a parfois bien du mal à composer avec la société huppée de sa ville.  Pour l’aider, sa compagne Jessica Hurley, profileuse au FBI, qui séjourne temporairement à River Falls.  Celle-ci apporte souvent à Logan des éléments de réflexion destinés à tempérer le propos de celui-ci, parfois (souvent) peu enclin à la nuance. 

Ils se retrouvent avec deux meurtres sur les bras : celui d’un brillant avocat pour lequel il sera demandé à Logan de mettre tout en œuvre pour élucider rondement l’affaire (c'est que la victime n'est pas n'importe qui, financièrement parlant), et celui d’un SDF, un « John Doe » qui intéresse peu de monde, hormis notre couple d’enquêteurs.

Parallèlement, nous faisons la connaissance de deux frères, Kyle et Stuart, venus étudier à l’université de River Falls mais chacun de son côté ; ils ne veulent en aucun cas que l’on connaisse le lien qui les unit.
L’enquête part dans plusieurs directions et j’ai suivi avec beaucoup de plaisir les  suppositions et hésitations des protagonistes tentant de démêler l’écheveau, et de l’énigme, et de leur propre relation.  L’émotion affleure çà et là, principalement autour du personnage de Stuart ou bien encore lors de l’épisode lié à Tom, un jeune SDF quelque peu arriéré.

L’écriture est fluide, le rythme est soutenu et jamais, je ne me suis ennuyée.  Je n’ai pas lu le premier opus des "aventures" de Logan et Hurley, 7 jours à River Falls, mais cela ne m’a nullement gênée même si je n’ai pas toujours saisi certains éléments liés à ce qui s’était produit quelques mois auparavant.

Ce roman a reçu le prix Polar 2009 lors du Salon Polar & Co de Cognac : c’est tout à fait mérité.  
Bref, une très belle découverte !

dimanche 3 novembre 2019

Randonnée aux lacs de Vens et le sentier de l’Énergie - fin


Nous partons en repérage, Franck et moi ne nous faisant pas de soucis pour le premier itinéraire, mais… nous ne sommes pas seuls, et ces deux itinéraires n’ont rien de comparables.
Les alentours sont aussi jolis et plein de surprises. L’eau y est omniprésente.
Retour au refuge, et à la nuit tombante, le lac offre un spectacle magnifique… tout comme le matin d’ailleurs, où l’absence de vent rend la surface de l’eau parfaitement lisse, comme un miroir.


Nous avons choisi l’itinéraire logiquement raisonnable : rejoindre Saint-Etienne de Tinée par le sentier de l’Énergie. Celui-ci débute après le passage d’un col suivi d’un très grand pierrier. Ensuite, le chemin fait de très longues transversales en surplomb au dessus de la vallée de la Tinée. Avec un dénivelé très faible, qu’on ne sent pas.

Les traversées sont longues, et au creux d’un vallon que croise le chemin nous faisons notre pause du midi.

Peu de temps après, c’est la descente difficile vers Saint-Etienne de Tinée. Difficile car sans pitié pour les genoux : la descente est raide, longue (1300m de dénivelé !) et le terrain n’offre pas le moindre répit. Heureusement, les paysages durant cette descente sont fort logiquement très variés : on passe de l’ambiance minérale à une ambiance végétale, sous les résineux, puis enfin sous les feuillus.

Enfin, la température nous fais aussi redescendre sur terre : nous sommes dans les Alpes-Maritimes, c’est le mois d’août. La température qu’il faisait à 2400m d’altitude n’est pas la même qu’à 1100m, à l’arrivée à Saint-Etienne de Tinée !

Le temps de boire la traditionnelle bière d’après l’effort, l’orage auquel on avait échappé à la descente éclate tandis que nous sommes sous les parasols… 

Ouf, il était grand temps d’arriver !

samedi 19 octobre 2019

Randonnée aux lacs de Vens et le sentier de l’Énergie

Au départ du Pra (au pied col de la Bonette, côté Alpes-Maritimes) par le col de Fer (2385m d’altitude), et bivouac au refuge des lacs de Vens (à 2350m) puis redescente sur St-Etienne de Tinée le lendemain par le superbe sentier de l’Energie, en surplomb de la vallée de la Tinée

Nous sommes parti en randonnée à 4, un peu tard (presque 11h) au départ du Pra pour nous rendre au refuge des lacs de Vens qui nous attendait pour passer la nuit.
La première partie de la montée se fait jusqu’au deux “maisons” de l’ONF, dans un vaste pré plus ou moins plat. A rythme pas violent, on y est en un peu moins de deux heures, juste ce qu’il faut pour faire la pause casse-croûte du midi. Et la sieste pour ceux qui veulent…
Ensuite direction le col du Fer, à 2583m d’altitude. Il n’est pas spécialement haut, mais il a pour caractéristique de séparer le France et l’Italie. De là, on a un point de vue pas banal sur le mont Viso du haut de ses 3841m.
Passé le col du Fer, on arrive à marmotte’ land. Jusqu’à la descente finale vers les lacs et le refuge, il y a des marmottes partout sur la partie gauche du chemin. Relativement discrètes ce jour, seules 4 se sont montrée alors qu’on peut en voir beaucoup plus habituellement


La descente vers le refuge et le lac principal est aisée. Grandiose, la vue sur les 3 lacs et le refuge, tout petit en contrebas, qui borde le plus grand d’entre eux !
C’est la fin officielle de la 1ère journée, il est environ 16h30. Les affaires posées dans le refuge, c’est le moment de visiter les environs. Pour le lendemain nous hésitons à prendre soit :
- par l’intérieur du massif montagneux et le mont Ténibre, à 3031m d’altitude, puis par lelac de Rabuons. Itinéraire “montagne”, physique, long.
- par le sentier de l’Énergie, qui surplombe par de très longues transversales la vallée de la Tinée et
Saint-Etienne de Tinée. Vue superbe sur un chemin pratiquement plat et large. 

Une presque promenade de 5 heures.

samedi 21 septembre 2019

Lecture de : La roue du silence, Dominique Vautier

« La roue du silence » est un recueil de douze courtes nouvelles aux personnages qui se trouvent à un moment clé de leur existence. Confrontés à la maltraitance, l’alcool, la maladie, l’exclusion ou le deuil, souvent en prise avec une image dégradée d’eux-mêmes, ils tentent de réagir à ces ruptures dans leur vie et de dépasser ces caps difficiles à franchir. Mais l’épreuve est souvent trop rude et l’héritage trop lourd à porter. Peu arrivent à surmonter leur traumatisme, leurs remords, leur culpabilité mais tous rayonnent d’humanité et aucun ne peut être condamné.

Il est beaucoup question de femmes, soumises à la loi des hommes, en quête d’émancipation et en manque d’amour. Les relations familiales sont elles aussi au cœur du livre et décrites bien souvent dans leur aspect le plus noir : qu’il s’agisse de couples explosés en vol ou de fils et filles encombrés par un père ou une mère destructeurs. D’autres personnages, en perdition mais de bonne volonté, parviennent à ruiner leur vie et celles des autres lors d’un court mais fatal moment de faiblesse.
Dominique Vautier raconte ces moments où tout bascule avec force et concision. Peu de mots, des phrases courtes pour installer personnages et situations, et cependant, une puissante force d’évocation entraîne le lecteur sur ce fil conducteur dramatique.

N’allez pas croire pour autant que vous ressortirez de ce recueil accablé car vous y trouverez aussi beaucoup de compassion et de tendresse, quelques notes d’espoir également.

Ainsi, cette variation sur le thème du « vilain petit canard » dans laquelle l’estime de soi d’une très jeune fille qui se fendille de toute part est réparé grâce à un geste apparemment anodin de sa grand-mère la réconciliant avec elle-même et sa féminité. Il y a des tentatives d’évasion avec une robe rouge, des raisons d’espérer autour d’une plante pourpre, des rêves de gloire et beauté devant une glace, des moments de tendresse émouvant au détour d’un hôpital ou d’une maison de retraite. La dernière nouvelle, où l’altruisme est à l’honneur, est rayonnante d’optimisme. L’hôtel des Deux palmiers est un lieu de protection et de réconfort solidement ancré dans un monde féroce où la roue du silence continue par ailleurs à broyer en secret.