« La roue du silence » est un recueil de douze courtes
nouvelles aux personnages qui se trouvent à un moment clé de leur
existence. Confrontés à la maltraitance, l’alcool, la maladie,
l’exclusion ou le deuil, souvent en prise avec une image dégradée
d’eux-mêmes, ils tentent de réagir à ces ruptures dans leur vie et de
dépasser ces caps difficiles à franchir. Mais l’épreuve est souvent trop
rude et l’héritage trop lourd à porter. Peu arrivent à surmonter leur
traumatisme, leurs remords, leur culpabilité mais tous rayonnent
d’humanité et aucun ne peut être condamné.
Il est beaucoup question de femmes, soumises à la loi des hommes, en
quête d’émancipation et en manque d’amour. Les relations familiales sont
elles aussi au cœur du livre et décrites bien souvent dans leur aspect
le plus noir : qu’il s’agisse de couples explosés en vol ou de fils et
filles encombrés par un père ou une mère destructeurs. D’autres
personnages, en perdition mais de bonne volonté, parviennent à ruiner
leur vie et celles des autres lors d’un court mais fatal moment de
faiblesse.
Dominique Vautier raconte ces moments où tout bascule avec force et
concision. Peu de mots, des phrases courtes pour installer personnages
et situations, et cependant, une puissante force d’évocation entraîne le
lecteur sur ce fil conducteur dramatique.
N’allez pas croire pour autant que vous ressortirez de ce recueil
accablé car vous y trouverez aussi beaucoup de compassion et de
tendresse, quelques notes d’espoir également.
Ainsi, cette variation sur le thème du « vilain petit canard » dans
laquelle l’estime de soi d’une très jeune fille qui se fendille de toute
part est réparé grâce à un geste apparemment anodin de sa grand-mère la
réconciliant avec elle-même et sa féminité. Il y a des tentatives
d’évasion avec une robe rouge, des raisons d’espérer autour d’une plante
pourpre, des rêves de gloire et beauté devant une glace, des moments de
tendresse émouvant au détour d’un hôpital ou d’une maison de retraite.
La dernière nouvelle, où l’altruisme est à l’honneur, est rayonnante
d’optimisme. L’hôtel des Deux palmiers est un lieu de protection et de
réconfort solidement ancré dans un monde féroce où la roue du silence
continue par ailleurs à broyer en secret.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.