samedi 30 mai 2020

Avis sur Chroniques de Pont-aux-rats : Au bonheur des Monstres (tome 1) d’Alan Snow

« Chroniques de Pont-Aux-Rats » ouvre ses portes sur le monde complètement loufoque d’Alan Snow avec « Au bonheur des Monstres ».
Nous sommes plongés directement dans cet univers par des petites annonces publicitaires ou des affiches en tous genres nous offrant un aperçu de Pont-Aux-Rats et de ses habitants.
Ce roman d’aventure nous conte l’histoire d’Arthur, jeune garçon vivant dans les sous-sols de Pont-Aux-Rats et venant à l’occasion à la surface voler quelques denrées. Ingénieux, tout comme son grand-père, il vole grâce à des ailes mécaniques de toit en toit, se faufilant dans les jardins à la tombée de la nuit pour y prendre quelques légumes. Jusqu’au jour où il surprend des hommes faisant une chasse à courre … et attrape quelques fromages. Ce qui est totalement illégal. Surpris, les membre de la guilde du Castel Fromager tente de le capturer.

Vous l’avez bien compris, Alan Snow offre avec cette trilogie une histoire décalée et pleine de fantaisie.

Cette imagination vive dont fait preuve l’auteur nous fait rencontrer des créatures étonnantes et très attachantes. J’ai complétement craqué notamment pour nos amis bricoliaux et les choutrognes. Quand à Arthur, c’est un jeune garçon curieux, énergique et à l’esprit agile. Tout aussi touchant que Mr. Willifried, homme posé et faisant preuve de beaucoup d’intelligence, ils essayent de comprendre ce qui incitent les peuples souterrains à fuir leur monde d’En-Dessous pour celui de la surface.

L’écriture d’Alan Snow est agréable et son intrigue propose de nombreux rebondissements.
“Au bonheur des monstres” est donc cette histoire qui ne laisse pas de place à l’ennui tout en prenant le temps de nous faire découvrir cet univers original rendu d’autant plus vivant grâce aux illustrations en noir et blanc d’Alan Snow qui s’invitent au cœur des pages.
Fourmillant de détails, elles possèdent un petit charme qui convient les regards à découvrir le portrait des personnages faisant le récit.

vendredi 1 mai 2020

Rêve d'amour, de Laurence Tardieu

Je me méfie toujours de ces romans nombrilistes (généralement français), écrits à la 1ère personne du singulier. Mal parti celui-ci, car écrit ainsi... Mais ce joli roman fragile et simple, tendre aussi, explore très élégamment les méandres affectifs d'une jeune femme en quête de souvenirs. Alice, qui a perdu sa mère à l'âge de quatre ans, n'a pas même une photo d'elle, son père ayant tout effacé. Car peu de temps avant de mourir, elle avait eu une liaison avec un peintre. A la mort de son père, la jeune femme tente de le retrouver...
Laurence Tardieu est grave. Point d'humour ni de légèreté. Mais pas non plus de pesanteur. Son livre est gracile. Car Laurence Tardieu est juste. Point final. Son récit poignant. Cette quête est tendre.

Il y a du silence. Des silences. Eloquents. Beaucoup d'interrogations sont semées et on y entrevoit des débuts de réponses. Beaucoup de sentations "J'ai chaud, je suis fatigué...", d'actions banales "se lever, s'assoir, fermer une fenêtre..." et de pensées. Jamais d'ennui. 

Beaucoup de plaisir. C'est ça l'amour, c'est ça les rêves d'amour.


vendredi 3 avril 2020

ne t'inquiète pas pour moi , de Alice Kuipers

Ce roman frigo-postitaire (les échanges se font par post-it posés sur le frigo) est une petite merveille. La correspondance entre une mère divorcée et son adolescente de fille dévoile des rapports parfois tendus, des incompréhensions, des "ratages", des évènements plutôt mineurs qui pimentent la vie jusqu'à la découverte de la maladie de la maman...
Dans ce roman, vite lu, synthétique et prenant, Alice Kuipers, esquisse l'intimité, les non-dits, les absences. Elle réussit à nous emmener dans son histoire et nous laisse imaginer une partie de celle-ci.
Elle nous rappelle que l'essentiel réside dans ces petits moments, cette grâce des instants où l'on partage avec ceux qu'on aime les joies comme les difficultés.

Puis à la fin, on pleure...

samedi 14 mars 2020

avis sur Providence , de Valérie Cong Tuong

Un roman qui démarre à "fond les ballons" puis ralentit si sensiblement qu'il m'est tombé des mains. Je l'ai repris, relâché, puis repris encore pour le terminer. Finalement, pas de regret, car il m'aura fait passer un bien agréable moment.

Un livre à la Kaplisch où les univers se croisent joliment. Et une jolie petite fin qui ne fait pas pleurer. Mais les plus exigeants pourront regretter à la fois son manque de style et son manque de consistance...


 



samedi 29 février 2020

Orgueil et préjugés et zombies, Jane Austen, Seth Grahame-Smith,

Pour la famille Bennet, qui compte cinq filles à marier, l'arrivée de deux jeunes et riches célibataires dans le voisinage est une aubaine : enfin des coeurs à prendre, et des bras supplémentaires pour repousser les zombies qui prolifèrent dans la région ! Mais le sombre Mr Darcy saura-t-il vaincre le mépris d'Elizabeth, et son ardeur au combat ? Les innommables auront-ils raison de l'entraînement des demoiselles Bennet ? Les soeurs de Mr Bingley parviendront-elles à le dissuader de déclarer ses sentiments à Jane ? Surtout, le chef-d'oeuvre de Jane Austen peut-il survivre à une attaque de morts-vivants ?

  Soucieuse de terminer le Challenge Jane Austen, j'ai ajouté à ma découverte Austenienne cette "adaptation" pour le moins mordante ! Orgueil et préjugés et zombie entre, si je ne m'abuse dans la catégorie des Austenneries, soit des romans issus de l'oeuvre de Jane Austen. Celle-ci reprend fidèlement la trâme de départ, en y ajoutant des revenants d'outre-tombe, des bals interrompus par des combats rapprochés, et autres joyeusetés. C'est un roman drôle (impossible de ne pas pouffer toutes les deux pages) et bien écrit, puisque la plume de Jane Austen est très présente.

 Il fallait oser, et pourtant c'est une réussite ! Certes les passages écrits par Seth Grahame-Smith sont assez gauchement insérés, mais je suis passée outre et j'ai apprécié cette idée originale. Certes ce n'est pas exactement du Jane Austen, mais je pense qu'il faut le prendre pour ce que c'est, c'est-à-dire un dérivé. J'ai aimé la liberté prise sur le personnage de Charlotte, j'ai aimé le sort donné à Mr Colins, j'ai aussi aimé le combat qui rapprochera Lizzy et Darcy et j'ai aimé retrouver Orgueil et préjugés, bref j'ai aimé beaucoup de choses dans ce roman, sans oublier Wickham, qui a sans nul doute été le plus malchanceux ! 

J'ai passé un bon moment et je ne me suis pas sentie choquée outre mesure !

vendredi 17 janvier 2020

La maison, lieu de sociabilité, dans des communautés urbaines européennes de l’Antiquité à nos jours, Florence Gherchanoc (.dir)

Cet ouvrage réunit les actes d’un colloque sur la maison, lieu de sociabilité, de l'histoire Antique à nos jours en Europe (exception faite d’un article ayant trait au monde créole réunionnais). 

Les contributions, fondées pour les unes sur l’étude de la culture matérielle et pour les autres sur celle des discours, explorent les mécanismes par lesquels se crée et se fortifie le lien social dans des villes européennes. La maison est replacée dans un environnement urbain caractérisé par une relative densité de constructions et d’habitants et par une variété de relations sociales. 

Sous l’angle des fêtes, moments privilégiés de rassemblement d’un groupe social dans l’espace dit domestique, familial et « privé », les contributeurs ont rendu compte de formes de sociabilité particulières – la famille étant généralement exclue du champ d’appréhension de la sociabilité –, ont mesuré la capacité d’ouverture de la maison et réfléchi à la façon dont celle-ci opère comme un espace qui lie la famille à une société urbaine plus large. Autrement dit, était en question le rôle de la sociabilité familiale dans la constitution des réseaux urbains. 

Tout d’abord, les articles éclairent sur des stratégies d’occupation et de réception dans les maisons ; ils posent la question cruciale des seuils, notamment entre le « privé » et le « public » dans des espaces indifférenciés ou bien spécifiques, préalablement déterminés ou non. 

Dans un second temps, les communications rassemblées analysent des comportements


dimanche 22 décembre 2019

Fin de la chronique du roman de de J. Courtney Sullivan : Maine

Il y a d’abord Kathleen, très attachée à son défunt père et en rupture totale avec sa mère. Sa vie de patachon est un sujet continuel de discorde avec Alice alimenté en sous-main par le manque d’amour maternel dont a souffert l’aînée de la fratrie. Le seul point commun entre les deux femmes est leur addiction à l’alcool. La fille de Kathleen, Maggie, pâtit auprès de sa grand-mère de la mauvaise image de sa mère. Pourtant, Maggie est d’une bien autre trempe et son apparente fragilité cache un courage et une détermination qui ont manqué à sa mère et à sa grand-mère.

Il y a ensuite Pat, le trop sage et raisonnable « fils à maman », dont le dévouement n’est pas si désintéressé qu’il semble l’être. Sa femme Ann Marie, femme et mère parfaite aux yeux de tous, révèle quant à elle ses failles au bout de trente ans de bons et loyaux services.

Cette année sera certainement la dernière année pour Alice dans le Maine. Elle a décidé, sans rien dire à personne, de faire don de sa propriété à l’Eglise, espérant une indulgence par ce biais pour ses péchés. Elle espère ainsi obtenir le pardon, pas tant aux yeux de Dieu qu’aux siens propres, et compte bien retrouver la paix intérieure pour les derniers temps qu’il lui reste à vivre. Mais c’est sans compter sur l’arrivée au cottage de Maggie, Ann Marie et Kathleen…

On retrouve ici le style tellement apprécié des Débutantes, cette façon de scruter à la loupe des générations de femmes avec leurs aspirations, leurs contraintes, la façon dont elles se plient ou non au déterminisme de leur genre, la façon parfois cruelle dont elles se protègent, la façon dont elles arrivent à assumer leurs choix ou au contraire la façon dont elles se fissurent après de vaines et persévérantes tentatives de se conformer à ce que l’on attend d’elles. 

Courtney Sullivan brosse un tableau de famille grinçant et de très beaux portraits de femmes tout en leur portant un regard bienveillant, loin de tout jugement moralisateur ou réprobateur.